Dans une première phase de nomination de noms de rues dans le quartier de l’école, les rues Arlette-Vincter, Madeleine-Marchand et Ninon-Cardinal ont été nommées. Qui étaient ces enseignantes?
Présentation de Arlette Vincter
Arlette Vincter est née le 26 février 1928 à Sivry, en Belgique. Mariée à Jacques Victer en 1048, elle fut mère de quatre enfants. Elle a émigré au Québec en 1968, plus précisément à Châteauguay. En 1970, la famille déménage sur le chemin du Lac-Saint-Louis, à Léry, où elle bénéficie d’un grand terrain où faire un jardin et peut rénover les bâtiments situés sur son lot.
Peu à peu, la famille s’installa et s’intégra dans la communauté de Léry, qui deviendra, au fil des années, sa seconde famille. Elle y retrouvera une vie communautaire riche en défis, en expérience et en échanges. Ses enfants Éric et Manuella fréquenteront l’école anglaise, Patricia irait à l’école francophone et l’aîné, Pol, poursuivrait ses études universitaires en anglais.
Vers une carrière d’enseignante à Maria-Goretti
Arlette Vincter dut faire preuve de détermination et de persévérance pour faire reconnaître son brevet d’enseignement Belge. Elle obtiendra son permis d’enseignement du ministère de l’Éducation en 1969, ministère de l’Éducation du Québec. Elle obtiendra son brevet spécialité, option préscolaire en 1973, année où elle signera son premier contrat d’institutrice à temps plein d’abord à l’école Saint-Jude à Châteauguay, puis, à l’école Maria-Goretti.
Seule enseignante dans cette école, en plus de l’enseignement, elle doit gérer et administrer l’inventaire de son matériel scolaire et s’assurer que tout soit fonctionnel pour accueillir les élèves. Elle initie les enfants à la musique, au dessin, au chant, à la lecture et à la botanique. Elle crée un petit jardin dans la cour d’école. La famille et le voisinage s’en occupent durant l’été et en septembre, les enfants pouvaient participer aux cueillettes.
Dans cette école, les parents étaient toujours les bienvenus. Elle s’était fait une règle d’or d’écouter les enfants et les parents de collaborer et d’échanger sur l’enfant et son développement. Elle forma un comité de parents.
Cette complicité se manifestait par la participation des parents lors des spectacles des enfants à Noël ou en fin d’année. Le directeur d’école, le curé de la paroisse, le maire, les élus municipaux, tous étaient accueillis. Elle était très fière de ses élèves et de leurs réalisations, le tout dans la rigueur, mais aussi, avec une grande tendresse et une complicité avec eux. Elle a su inspirer confiance et respect à tous, incluant la direction scolaire. Elle se battit aussi pour le maintien de sa petite école à Ville de Léry où déjà se discutaient des projets de fusions scolaires. Elle prit sa retraite en juin 1989.
Conseillère municipale de 1982 à 1998
Mme Vincter était très impliquée dans la communauté de Léry, elle voulait aider, être utile, faire des choses significatives ayant un impact sur sa communauté. Devenir conseillère municipale était la suite logique de son engagement. Elle se présentera donc aux élections municipales à la Ville de Léry et fut conseillère de 1982 à 1998 donc, durant quatre mandats. Voici un aperçu de ses réalisations :
- Permettre aux francophones d’avoir accès aux activités du Club nautique Woodlands, qui était réservé exclusivement aux anglophones à cette époque;
- Encourager les femmes à s’impliquer au sein du conseil municipal et ds différentes activités de la communauté;
- Lors de la fusion des districts électoraux, elle s’est assurée que chaque membre du conseil soit sensibilisé aux besoins de toute la population de la Ville de Léry et non pas à ceux de leur district électoral seulement;
- Conserver le service de police municipale de Léry, mais qui a fusionné plusieurs années plus tard avec Châteauguay;
- Le respect des règles et des règlements environnementaux;
- Elle est demeurée à l’écoute et a travaillé en étroite collaboration avec les différents membres de la communauté et ses collègues élus.
Elle s’est également démarquée par son travail acharné de mobilisation et de recherche de fonds pour la réfection de l’Église de Notre-Dame de Léry à la suite d’un feu qui avait détruit partiellement l’église. Elle avait su, par son pouvoir de persuasion et sa détermination, s’entourer d’une équipe dynamique et dédiée.
Lors de la crise du verglas en janvier 1998, elle a soutenu l’équipe de soutien et d’organisation du centre communautaire transformé en centre d’urgence et coordination de la sécurité civile. L’équipe répondait aux besoins de la population 24 heures sur 24, que ce soit pour nourrir, accueillir, écouter, rassurer… Voilà toute l’ouverture et la générosité de cette citoyenne qui aura laissé une marque profonde dans l’histoire de notre Ville.
Présentation de Madeleine Marchand
À l’âge de 6 ans, Madeleine fréquente l’école Saint-Joseph, située à l’embouchure de la rivière Châteauguay. Les Sœurs Grises enseignent à cette école. Après son cours primaire, elle fréquente le couvent de Châteauguay dirigé par les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame. Les Sœurs lui enseigneront durant quatre années toutes les matières académiques au programme. Elle y apprendra aussi le piano et recevra toute la formation requise pour devenir institutrice. Elle obtient son diplôme en 1931. Elle a 17 ans.
Durant l’année 932-1933, elle enseignera à l’école Bellevue de Léry durant 42 jours, pour un salaire de… 53 $. Elle débutera sa carrière à temps plein à cette même institution l’année suivante, de 1933 à 1970. Dans les années 1950, elle enseignera à la nouvelle école Marie-Adolescente jusqu’à sa fermeture. Elle terminera sa carrière à l’école Saint-Jude de Châteauguay.
Compétence et passion
Mademoiselle Marchand (c’est ainsi que les élèves l’appelaient) était célibataire, une condition essentielle pour garder son travail d’institutrice à l’époque. Elle habite la maison familiale. Pour elle, l’enseignement est une vocation. Elle fera preuve d’une grande compétence et d’une passion exceptionnelle, à une époque où les conditions de travail des institutrices n’étaient pas faciles : classes nombreuses, programmes rigides, inspecteur d’école, locaux exigus et froids en hiver et salaire très bas.
Une approche originale
Pendant 35 ans, mademoiselle Marchand sera la spécialiste de la première année. À cette époque, il n’y a pas de classes maternelles ni de garderies; elle avait beaucoup à faire pour assurer la réussite de ses élèves : préparation rigoureuse selon un horaire très précis. Dans son bureau-atelier situé au 2e étage de sa résidence, elle prépare tout un matériel pédagogique et trouve des moyens d’apprentissage originaux : affiches, cartons de couleur, grosses lettres ou chiffres, découpage d’images et de photos, etc.
Elle stimulera ses élèves avec des récompenses ou des cadeaux : des bonbonnières en forme de souliers en mica ou des cornets-générosité. Selon un rapport d’appréciation du personnel enseignant de l’école Saint-Jude de 1967, Madeleine Marchand est une enseignante « dévouée, maternelle avec les élèves et consciencieuse ».
Enseignante et citoyenne émérite
Heureuse en enseignement, elle le sera aussi à la retraite, dont elle profite à sa manière. Elle est décédée en 1990, à l’âge de 76 ans.
Durant toute sa carrière, Madeleine Marchand a été en contact avec un très grand nombre d’enfants, de parents et de collègues. Il lui faisait toujours un immense plaisir de les rencontrer et de prendre de leurs nouvelles. Elle était très contente de ce qui leur arrivait : métier, profession, mariage, naissance. De plus, elle avait une très bonne mémoire des noms.
Née durant l’année de la fondation de la Ville de Léry, elle fut une enseignante et une citoyenne émérite.
Présentation de Ninon Cardinal
Native de la Ville de Verdun, Ninon Cardinal a grandi entourée d’une belle fratrie, empreinte des valeurs de don de soi et de générosité. Monitrice de camps de jour durant sa jeunesse, c’est en côtoyant des enfants qu’elle a opté pour des études au baccalauréat en Sciences de l’éducation à l’Université de Montréal.
Depuis 1974, sa profession lui a permis de transmettre aux enfants le désir d’apprendre et de découvrir. Elle a su faire évoluer leurs compétences intellectuelles, langagières et sociales. En tant que parent et enseignante, c’est avec conviction qu’elle a rempli son mandat. En tant que résidente de Léry durant plusieurs années, elle a pu profiter de ce cadre enchanteur pour poursuivre sa carrière.
Elle a d’ailleurs enseigné dans quelques écoles, dont la maternelle Marie-Goretti, entre 1989 et 2004. Étant responsable de cette école, elle estime avoir évolué avec les enfants de Léry, jusqu’au moment du changement de vocation de l’école, qui deviendra un centre communautaire. Elle a ensuite suivi la clientèle d’enfants de Léry et poursuivi le développement de leurs compétences en maternelle, à l’école Notre-Dame de l’Assomption de Châteauguay.
Ninon Cardinal a qualifié son parcours à l’école Maria-Goretti de « très heureux et gratifiant ». Elle se dit très touchée de cet hommage rendu par la Ville en donnant son nom à une rue du Quartier de l’École.